LE CORPS - MIROIR DU MONDE
Dernier hommage à un iconographe de génie.
27 octobre 2000 - 25 février 2001
L'exposition dévoile une partie du fonds iconographique, très riche et largement méconnu, laissé par Nicolas Bouvier, écrivain et voyageur.
Dans le «musée imaginaire» de Nicolas Bouvier, les images du corps humain, parmi d'autres thèmes, occupent une place privilégiée. L'écrivain Jean Starobinski rêvait de réaliser avec lui un livre sur le corps. A son décès, Pierre Starobinski, fils de Jean, décide de donner un double écho à ce projet brisé par la mort: l'exposition intitulée Le corps – miroir du monde, réalisée avec Caroline de Watteville, et le livre paraissant sous le même titre aux éditions Zoé, avec un texte de Jean Starobinski.L'exposition donne un aperçu de la cartographie iconographique de Nicolas Bouvier, avec toute sa curiosité du fantastique et de la douleur. Ces images le dépeignent lui-même, en révélant, par-delà les normes habituelles du beau, l'attrait de l'étrange, l'intérêt pour les cultures (amérindiennes ou orientales) qui ignoraient la nôtre, le penchant pour le risible, quand c'est au prix du rire qu'on peut faire face à l'horrible. Il faut parcourir les images du corps de Nicolas Bouvier non comme une récapitulation des conquêtes de la science anatomique, mais comme une leçon de sagesse à la manière de celle qu'ont donnée Sebastian Brant, Holbein et Erasme à travers les images de la folie, ou à travers les danses macabres. Je conjecture volontiers que Nicolas Bouvier a collectionné ces images si souvent cruelles pour se dépayser et se mettre lui-même à l'épreuve de l'étrangeté, de même que dans ses voyages il a voulu renoncer à ses vieilles certitudes, s'infliger le dénuement le plus rude, pour parvenir à mettre à nu l'essentiel. (Jean Starobinski)